Côte d’Ivoire

Ici il ne s’agit pas de vélo mais de voyage quand même alors on a voulu le partager avec vous !
Nos amis Pierre et Oana habitant Abidjan depuis 9 mois, nous ont invités avec quelques amis à passer une semaine en Côte d’Ivoire. Après avoir trouvé un arrangement dans la famille pour faire garder notre fille Adélie, nous n’hésitons pas à acheter nos billets d’avion. Visa : Ok, vaccin contre la fièvre jaune : Ok ! Quelques jours avant le départ, Pierre nous apprend qu’il a pour la seconde fois attrapé le paludisme. Vite nous faisons les fonds de tiroirs et retrouvons quelques comprimés de malarone qui feront l’affaire.

Vue nocturne sur la lagune d’Abidjan

En sortant de l’aéroport d’Abidjan en plein mois de décembre, la chaleur et l’humidité nous saisissent (34°C) ! Et encore, on a de la chance, il parait qu’il n’a pas fait aussi froid depuis 9 mois. En effet, à cette saison commence à souffler l’Harmattan, un vent très sec et relativement frais venant du Sahara situé au nord.
Les premiers jours nous visitons Abidjan. La ville est située autour d’une lagune qui la scinde en différents quartiers. Nous logeons dans celui de Cocody réputé chic mais très vaste. L’endroit où nous sommes est plutôt populaire. Du toit de l’immeuble, on peut observer le match de foot se déroulant sur le terrain d’à coté, écouter les messes des nombreuses églises des alentours, voir la tour du fameux et réputé hôtel Ivoire, admirer la lagune et apercevoir le quartier d’affaire du Plateau.
On traverse la lagune en bateau-bus pour aller au marché de Treichville. On y vend de tout : fruits, légumes, viandes, animaux…
Ce qui nous attire le plus, ce sont les tissus africains. On apprend qu’il ne sont en fait pas originaires d’Afrique mais ont été importés de Chine par des négociants hollandais. Peu importe, c’est là que l’on trouve les plus beaux. Nous en achetons dans le but d’aller voir le tailleur et de ramener une belle robe colorée à Fanchon.

Dominant la lagune, un immense bâtiment est couronnée d’une enseigne « Bolloré ». Le groupe est effectivement présent dans le pays et exploite avec un succès mitigé la seule ligne de chemin de fer. D’une manière générale les entreprises françaises sont encore bien présentes ici et font des affaires au détriment du développement du pays selon certains. Les matières premières comme le cacao, le café et le coton sont vendues à bas prix et exportées pour être transformées plutôt que d’être transformées sur place. Nous sommes aussi surpris de voir que pour 1 €, on obtient 655,957 francs CFA. Cette monnaie utilisée dans de nombreux pays de l’Afrique de l’ouest est restée indexée sur l’ancien franc. Il parait que grâce à cela, la France gagne énormément d’argent. En tout cas, cela révèle un problème d’indépendance de l’économie du pays vis-à-vis de l’Europe.

Laverie à ciel ouvert

A coté de Yopougon, un quartier populaire de la ville, se trouve la plus grande laverie à ciel ouvert du monde. Après l’avoir lavé, les laveurs font sécher le linge sur les pelouses dominant la route. Avec les couleurs des vêtements, le rendu final est pas mal !
La rivière utilisée est celle du Banco, elle sort du parc Naturel du même nom localisé en plein milieu de la ville. Un guide nous y promène. On découvre de nombreuses espèces de plantes et d’arbre dont certaines sont menacées. La graine du Macoré a besoin d’être mangée et digérée par un éléphant pour parvenir à germer et pousser. Or ces derniers n’existent quasiment plus à l’état sauvage dans le pays.

La langue parlée est le français. Elle n’est pas vouée à disparaitre car elle permet de fédérer des ethnies ayant chacunes leur propre langue. Cependant, leur français diffère pas mal du notre, notamment sur le vocabulaire. Si bien qu’il n’est pas toujours aisé de comprendre du premier coup ce que quelqu’un nous dit dans la rue.
Dans les quartiers que nous avons parcourus, nous avons été surpris de ressentir une ambiance assez légère et tranquille si l’on fait abstraction des nombreux « le blanc, la blanche » répétés par les enfants. Cela nous perturbait un peu au début mais il n’y avait rien de malveillant.
Pourtant la pauvreté est assez manifeste et la corruption omniprésente des policiers peut mener à des situations embarrassantes et récurrentes. Première règle : si l’on peut faire autrement, ne jamais s’arrêter devant un policier ou un militaire même s’il nous fait signe !

Basilique Notre Dame de la Paix de Yamoussoukro

Nous nous éloignons des côtes pour visiter le nord du pays. Notre première étape est la capitale Yamoussoukro. A coté d’Abidjan, on dirait un petit village, mais c’est là que se dresse l’hôtel Président, l’hôtel des députés, la plus grande basilique du monde et la fondation Félix Houphouët-Boigny. C’est ce dernier, qui a décidé de faire de son village natal la capitale du pays. Premier président de la Côte d’Ivoire après l’indépendance en 1960, il y est resté jusqu’à sa mort en 1993. Certains le considèrent comme le père de la nation, d’autres comme un despote.

Jusque là, la route est convenable. Quelques kilomètres plus au nord, nous comprenons pourquoi l’agence de location ne nous a pas laissé d’autre choix que de prendre un 4×4. On slalome entre les trous, on évite les voitures qui du coup se retrouvent en face, on roule dans les fossés car une tranchée profonde de 50 cm barre la route. Le paysage change : on quitte la forêt tropicale pour rejoindre la brousse. D’énormes arbres sans feuilles avec des fruits oranges se dressent, ce sont des baobabs. Sur le bord de la route, des ivoiriens sortent de nulle part pour aller on ne sait où. Certains proposent aux voyageurs des agoutis en les tenant par la queue. Un agouti est un rongeur sauvage chassé dans la brousse que l’on peut manger dans les maquis, sortes de buvette-restaurant. Ils sont accompagnés d’Attieke (semoule de manioc), d’alloco (bananes plantins frites) et de sauce graine (graines de palmier), de sauce feuille (avec les feuilles de patate douce) ou de sauce claire (qui arrache !).

Rochers sacrés

Après une journée de voyage éprouvante nous atteignons la ville de Korhogo. C’est notre camp de base pour aller explorer la campagne alentour. Un guide qui nous a été recommandé nous propose une formule où il s’occupe de donner des petits cadeaux (cubes Knor, savons, noix de bétel, bonbons…) aux personnes et aux enfants que nous allons rencontrer. Nous acceptons et partons en sa compagnie découvrir la région. Nous commençons la visite par un rocher sacré, haut-lieu d’animisme. En l’échange d’un sacrifice (le plus souvent d’un poulet), on peut demander quelque-chose aux esprits. Le coin a quelque-chose de magique.

Case fétiche

Nous poursuivons avec l’artisanat local : la fabrique de perles en terre peintes, la fabrique de tissus, la forge d’outils traditionnels et la peinture sur toile. Pour cette dernière nous allons dans un village où aurait séjourné à plusieurs reprise Pablo Picasso. Il aurait donné aux gens d’ici des techniques spéciales comme l’usage de la brosse à dent pour les traits en gras. Nous visitons également un village où se dressent d’impressionnantes cases fétiches. Leur toit est immense car tous les ans depuis des dizaines et des dizaines d’années une fine couche de paille est ajoutée.

Marché de brousse

Nous terminons notre tour par le plus grand marché de brousse de l’Afrique de l’ouest. On y trouve de tout : à manger, à boire, des médicaments traditionnels, du beurre de karité, des vêtements. Il y a plein de couleurs, d’odeurs et de bruits, tout ça au milieu d’une forêt accessible seulement par des (mauvais) chemins de terre. L’ambiance est très agréable et très improbable.

Durant ces deux jours les habitants et en particulier les enfants nous ont observés avec des regards curieux mais c’est vers le guide qu’ils se sont tournés pour avoir des cadeaux et des friandises.

Nous devons maintenant reprendre la route dans l’autre sens en évitant les trous et les barrages de militaires. Heureusement, Chantal Taiba et le Zouglou sont là pour nous divertir. On les retrouve le soir à l’occasion du réveillon du nouvel an dans les maquis du foyer des jeunes autour de quelques Solibra (bière locale).

3 Comments

  1. ça nous manquait vos péripéties… Toujours hyper intéressant de vous lire comme ça on voyage un peu avec vous nous aussi…
    Gros bisous à Adelie.
    The MacEwen’s clan

  2. Jean-Marc BEAUVAL

    Merci de vos récits, toujours à lire avec beaucoup d’attention et d’intérêt, un plongeon coloré, plein d’odeurs propulsant au-delà de nos frontières et ne donnant que l’envie d’aller refaire son sac …
    Amicalement
    Jean-Marc B

  3. Pingback: Un peu de culture – 25/04/2017 | prenonsnotretemps

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