Myanmar (Birmanie)

Allons-nous en Birmanie ? Nous avons dû changer d’avis une bonne dizaine de fois. La dernière étant la dengue de Gabriel qui nous a contraint à reporter notre vol Bangkok-Rangoon. Nous souhaitions vraiment découvrir ce pays qui grâce à une lente marche vers la démocratie s’est récemment ouvert au tourisme et change à toute vitesse. Pour la première fois, un nouveau parlement a été élu démocratiquement. Ou plutôt les trois-quarts puisque la constitution prévoit que 25% des parlementaires soient des militaires. Et pour changer la constitution, il faut que plus de 75% de voix soient réunies ! Il y a encore du chemin à parcourir.

On laisse pas mal d’affaires à Bangkok, on ne prend que le minimum, il ne devrait pas pleuvoir. Le vol est très rapide, Fanchon a à peine incliné son siège pour dormir que l’hôtesse de l’air lui demande de le redresser, on atterrit.

Rangoon : Shwedagon Paya

Rangoon : Shwedagon Paya

Dès l’arrivée à l’aéroport, nous sommes surpris. Non seulement les femmes portent des jupes traditionnelles mais les hommes aussi ! Ils portent en fait le longyi (prononcer longue-ji), sorte de tube en tissu long jusqu’aux pieds et noué au niveau du ventre.
Nous trouvons les rues de Rangoon, pourtant encombrées, étonnamment calmes. On réalise vite qu’il n’y aucun deux-roues, chose exceptionnelle pour une ville asiatique ! L’ancien dictateur les aurait interdit dans la ville après avoir été menacé par un motard. Pour nous ce n’est pas plus mal, malgré les bouchons, il est facile de se frayer un chemin entre les voitures. Autre fait surprenant : la circulation se fait à droite mais quasiment toutes les voitures ont le volant à droite. Le sens aurait changé il y a une vingtaine d’années à cause de superstitions. Cependant, les voitures d’occasion viennent toujours du Japon.

Ici nous avons la chance d’être hébergés par Justine, une expatriée qui travaille en Birmanie depuis un an. Avec elle, nous allons à Chinatown voir les animations du nouvel an chinois. Nous dégustons d’abord des crustacés. On nous cuisine dans la rue des fruits de mer que l’on choisit lorsqu’ils sont encore vivants. Fraîcheur garantie !

Rangoon : Shwedagon Paya

Rangoon : Shwedagon Paya

Le monument de Rangoon c’est la pagode Shwedagon, elle mesure près de 100 m de haut et est recouverte d’or. Elle attire une foule de bouddhistes grâce aux reliques qu’elle renferme. Les nombreuses autres pagodes, temples et statues de Bouddha qui l’entourent en font un lieu sacré séduisant.

La Birmanie est célèbre pour ses pierres précieuses. Nous visitons le marché qui y est dédié. Certaines pierres plaisent à Fanchon. Cependant, il y a toujours un risque de se faire avoir pour qui n’est pas fin connaisseur. De plus, les conditions environnementales et humaines dans lesquelles sont extraites les pierres sont désastreuses dans ce pays. Elle décide donc de renoncer à acheter.

Tanaka

Tanaka

Elle se rabat sur les habits. Nous sommes vraiment séduits par les tenues des locaux et en particulier des femmes. Des pieds à la tête, elles sont très élégantes. Elles utilisent le Tanaka, poudre jaune faite à partir d’un arbre, comme crème solaire, masque de beauté et maquillage. Après s’être enduit le visage d’une fine couche, elles se dessinent des motifs sur les joues avec cette poudre jaune. Leur jupe, aussi appelée longyi est tissée avec des couleurs et des motifs magnifiques. Elle est souvent assortie à un haut manche courte très ajusté.
On trouve tout cela au marché couvert pour des prix raisonnables, on en profite !

Dans le pays, signe de la colonisation britannique, vivent des populations chinoises et indiennes. En effet, à partir de 1886 la Birmanie fut intégrée à l’Inde. Des indiens vinrent alors s’installer notamment pour travailler dans l’administration et se comportèrent en second colons. Malgré une religion bouddhique très forte, on peut voir quelques temples chinois, des temples hindous, des églises et de nombreuses mosquées.

Bago : Chambre glauque | Seedy room

Bago : Chambre glauque | Seedy room

Nous quittons enfin Rangoon pour la campagne. Nous retrouvons les mobylettes ainsi que de nombreux vélos. Nous ne nous sentons pas vraiment libres, il est interdit de camper ou de dormir chez l’habitant. Nous sommes condamnés à aller de villes en villes et à dormir à l’hôtel. Malheureusement l’offre est faible et ils en profitent. La première nuit fut la pire. Nous nous retrouvons dans une chambre crasseuse, chaude, humide, avec des moustiques, des matelas pourris et le bruit incessant de la circulation de la rue pour un prix deux fois plus élevé que ce qu’on payait au Cambodge. Tant pis, on mettra le prix s’il le faut mais plus jamais ça !

Sur la route, nous croisons beaucoup de moines. Leur habit n’est plus orange mais bordeaux. Beaucoup sont des enfants. Un homme doit devenir moine au moins deux fois dans sa vie. L’une avant ses vingt ans, l’autre après. On voit relativement beaucoup de nonnes par rapport aux pays précédents.

Hpa-an : Statuettes du VIIème siècle | Statuettes of the VIIth century

Hpa-an : Statuettes du VIIème siècle | Statuettes of the VIIth century

Après 4 jours de voyage, nous arrivons à Hpa-An en pleine course à la guesthouse. Grâce à nos vélos, nous prenons de vitesse un groupe de touristes et tombons sur Mélissa qui propose de partager une chambre de trois lits. Parfait ! Hpa-An est réputée pour les nombreuses grottes des alentours. Elles sont toutes transformées en temples bouddhiques différents. L’une possède des statuettes du VIIeme siècle, l’autre débouche sur un lac. Ce que l’on retiendra longtemps, c’est l’ascension du mont Zwegabin : 700 m de dénivelé uniquement en escalier. Les muscles de nos jambes ne sont pas préparés à ça. Nous garderons quelques belles photos prises depuis le sommet et des douleurs dans les mollets pendant une semaine.

photo_20160218071717-resized-960Pour la première fois nous louons un scooter pour visiter les environs et pour la première fois nous sommes arrêtés par un militaire qui nous prend notre passeport et demande de l’argent. Grâce à des enfants, nous comprenons vite que nous avons affaire à un débile et nous arrivons sans trop de mal à lui subtiliser le passeport. Malheureusement dans ce pays comme dans beaucoup d’autres, la corruption est monnaie courante.

Myanmar est composée officiellement de 135 ethnies, dont 8 principales. La plus importante (69% de la population) est celle des Bamars située dans les plaines centrales comprenant les grandes villes telles que Mandalay et Rangoon. Hpa-An se trouve dans l’État Kayin où vivent les Karens. On peut reconnaître les hommes de cette ethnie par leur longyi qui ressemble à celui des femmes : coloré avec des motifs horizontaux. Les Karens sont aussi connus pour leurs revendications indépendantistes. La ville suivante, Moulmein se trouve dans l’État Môn. Jadis, dominant toute la region, les Môns ne sont pas très distincts. En effet, les coutumes des Bamars viennent en grande partie de celles des Môns.

La diversité ethnique rend le pays difficile à gouverner. De nombreux conflits et tensions existent entre les différentes populations. Sans doute le plus dramatique est le sort qui a été réservé aux Rohingyas. Cette ethnie musulmane vivant dans l’état d’Arakan au sud-ouest de Myanmar a été privée de sa nationalité en 1962, devenant ainsi apatride. Depuis 2010 les Rohingyas sont victimes de fortes violences soutenues par des bouddhistes extrémistes. Une partie de la population essaie de fuir vers le Bangladesh, l’Indonésie ou la Malaisie mais dans des conditions très difficiles, beaucoup meurent noyés. La célèbre Aung San Suu Kyi, leader du mouvement pour la démocratie et prix Nobel de la paix, est accusée de garder le silence sur cette tragédie.

Moulmein : Maison de thé | Tea house

Moulmein : Maison de thé | Tea house

Moulmein fut lors de l’occupation britannique la première capitale. Dans la ville se dressent de nombreuses mosquées et quelques églises assez anciennes. Les temples bouddhiques se concentrent sur une colline qui domine la ville. Nous en visitons un magnifique. Il semble très authentique, pour une fois les sculptures sont fines et les finitions sont soignées. La cours un peu à l’abandon lui donne un certain charme. Ce que l’on aime dans cette ville c’est aller dans les maisons de thé. Leur aspect hors du temps nous séduit. Sur les tables, il y a toujours quelques fritures ou sucreries prêtes à être dégustées. C’est souvent comme ça au restaurant d’ailleurs, on commande un plat chacun et l’on se retrouve avec une douzaine d’assiettes sur la table. La nourriture birmane nous a plu dans l’ensemble, dommage qu’ils abusent de la sauce au poisson.

Certaines rues de la ville paraissent bien miséreuses. On voit que certains vivent avec très peu. Malgré ses nombreuses ressources naturelles, le développement de la Birmanie est en retard sur ses voisins. La richesse et le pouvoir restent aux mains de quelques-uns.
On est également choqué par le nombre de déchets qui bordent les routes ou dérivent dans les rivières. La Birmanie a un réel effort à faire en terme de propreté. Par exemple, nous sommes tenus de nous déchausser avant de pénétrer dans n’importe quel lieu sacré mais ceux-ci ne sont pas propres pour autant, nous sortons souvent avec les pieds tous noirs.

Chemin chaotique | Bad road

Chemin chaotique | Bad road

Après une journée à pédaler sur un chemin chaotique digne du Tadjikistan, nous passons la dernière nuit dans une bonne auberge de la ville de Kawkareik. Ici, l’électricité n’est disponible qu’à partir de 18h, à la tombée de la nuit.

En 10 jours, nous avons pu découvrir un pays où les traditions sont encore très ancrées. Les habitants sont accueillants et la nourriture plutôt bonne. Dommage que la misère et le manque de liberté soient toujours très présents. Nous reviendrons !

Le 20 février, nous traversons le pont de l’amitié qui nous renvoie en Thaïlande pour la troisième et dernière fois.

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